ASSEMBLEE GENERALE 2008
(DU 17 JANVIER 2009)
PROCES VERBAL
Nombre de membres présents : 40
Nombre de membres représentés : 12
Nombre d’adhérents : 201
Quorum : 25 %
Le quorum étant atteint, Michel BELLEVIN, président, ouvre
la séance.
1. RAPPORT MORAL
Michel BELLEVIN présente le bilan moral de l’Association
pour l’année 2005, une année bien remplie pour «
Les Amis de Timia ».
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Nous allons commencer ce rapport moral de l’année 2008 par
un constat amer : c’est la première année depuis la
création de l’association, en 1997, que nous n’avons
pu nous rendre à Timia. Non pas par une lassitude quelconque, un
manque de motivation, ou pour quelque raison de santé. Non ! Tout
simplement parce que on nous empêche d’y aller tout simplement.
Les autorités mettent en avant notre sécurité ! On
les en remercie mais en fait la raison profonde, à mon avis, est
qu’il n’y ait aucun témoin de ce qui se passe réellement
dans l’Aïr.
Il nous faut rappeler un peu l’historique des évènements
:
En février 2007 un groupe rebelle, le MNJ (mouvement nigérien
pour la justice) attaque Ifférouane une ville de garnison située
à 100 km au nord de Timia. Des morts, des blessés, des armes
volées, mais un assaut mûrement organisé et exécuté
par des combattants bien préparés. A Timia, nous y étions
à l’époque, c’est la stupeur jumelée
à une inquiétude bien compréhensible. La région
a connu de 1990 à 1995 une insécurité qui a isolé
le village pendant cinq longues années.
Avec cette attaque le spectre de l’isolement ressurgit avec les
souffrances que cela occasionne. Les femmes surtout craignent pour leurs
jeunes enfants qui vont avoir plus de difficultés que d’autres
à survivre et, pour ceux en âge scolaire, à rejoindre
leurs collèges ou leurs lycées. Et vont-elles continuer
à mener leurs troupeaux de chèvres en toute tranquillité
dans leurs zones de pâturages ? Quant aux hommes, eux aussi inquiets
pour leurs familles, ils se demandent s’ils vont pouvoir continuer
à cultiver leurs jardins, à élever leur bétail
ou conduire leurs caravanes .
De son côté le pouvoir ne veut voir là que trafiquants
de toutes sortes et bandits de grands chemins. Résultat, depuis
la première attaque, nombre d’embuscades ont été
tendues, l’armée a investi l’Aïr, on ne compte
plus les morts des deux côtés, ainsi que le nombre d’exactions
dont sont victimes les populations civiles. L’état de mise
en garde décrété depuis août 2007 isole complètement
la région de l’Aïr. Les déplacements sont pénibles
surtout à cause des mines posées ça et là.
Pas de témoins qui puissent rapporter réellement ce qui
s’y passe, pas de journalistes qui puissent effectuer des reportages
indépendants. Sans compter les rumeurs les plus folles qui courent
tous les jours voire toutes les heures.
La seule chose que l’on peut dire c’est que des régions
entières se sont dépeuplées et qu’il n’y
a plus personne hormis l’armée ou des rebelles du mnj. C’est
ainsi qu’au nord de l’Aïr les secteurs de Gougaram, Ifférouane,
Talek, Tchin Telloust se sont vidés de tous leurs habitants. Au
sud ouest de Timia, El Mecki, grand centre minier traditionnel de l’étain,
puis les régions de Amazlack à Dabaga se sont elles aussi
dépeuplées. Tous ces habitants se sont réfugiés
à Arlit ou Agadez les deux grands centres urbains de l’Aïr.
Certains ont rejoint Timia une des seules localités épargnées
par les combats et où la vie quotidienne est à peu prés
normale du point de vue sécuritaire ; mais pour combien de temps
encore ? Jusqu’à présent entre 300 et 400 personnes
se sont réfugiées au village. Dans un premier temps, la
population s’est montrée solidaire pour accueillir ces déplacés
comme la terminologie officielle les appelle. La Ville de Louviers s’est
montrée généreuse en votant à l’unanimité
au conseil municipal une subvention de 4000 €. Que le Maire et tous
les conseillers en soient remerciés. Puis l’association a
pris le relais avec l’appui de l’association « Sahel
» pour 5000 € puis ensuite, et l’action est en cours,
avec l’association « Graine de Sable », pour 4000 €.
Nous les en remercions vivement .
Car les actions de l’Association sur place se poursuivent
Malgré cet état de mise en garde et l’insécurité
permanente, il faut bien que la vie continue, et nos actions aussi. Pour
ce faire l’association sur place à Timia s’est mobilisée
sous l’impulsion des membres avec lesquels nous travaillons depuis
plus de 10 ans : Moussana Alkabouss, Ousmane Ghabda, Idrissa Moussa, Algabid
Idrissa, Aghali Imoumounane et bien d’autres qui ont donné
une nouvelle impulsion à cette association locale. Nos actions
traditionnelles ont été menées avec la même
ampleur que les années précédentes (mutuelle médicale,
enfants malnutris, appui aux malades). Ainsi au 31 décembre 51
585 € (33 837 500 Fcfa) étaient dépensés dont
16445 € (10 787 200 Fcfa) pour les aides sociales, alimentaires et
aides aux déplacés soit 32 des actions.
Au cours de cette année 2008 il faut bien admettre que le désir
de tenter de rejoindre Timia nous a quotidiennement préoccupés.
Ainsi deux tentatives ont été effectuées en février
et en novembre / décembre.
En février nous avions décidé d’apporter un
appui aux caravaniers non pas comme d’habitude en octobre lorsqu’ils
préparent la Taghlam, c'est-à-dire la caravane qui va chercher
le sel et les dattes à Bilma et Aney, mais cette fois ci l’Aïran.
C’est le nom utilisé par les caravaniers lorsqu’ils
vont, chargés de sel et de dattes, rejoindre les paysans Haoussas,
au sud du Niger, dans la région de Tessawa. C’est un échange
long qui dure parfois près de six mois, pour négocier le
maximum de mil avec les produits rapportés de Bilma et du Kawar.
3240 € ont été consacrés à cette opération
et 57 caravaniers en on bénéficié. Près de
10 t de mil ont été remontées à Timia. La
répartition s’est effectuée sous le contrôle
de Taboun Taghalo Chef du groupement de Timia et de Goda Ghabda chef du
village de Timia.
Nous avions envisagé de remonter avec les chameaux jusqu’à
une destination située dans le périmètre autorisé.
Mais, dès notre arrivée, le mnj attaquait Tanout, préfecture
située à 150 km au sud d’Agadez, sur la route des
caravanes. Des morts, des blessés et le Préfet enlevé
et embarqué dans les montagnes. Sagement, les autorités
nous ont demandé d’abandonner notre projet d’accompagner
la caravane et d’attendre des jours meilleurs. Viendront-ils ces
jours meilleurs ? Mais le principal est que l’action ait pu se faire
et ce sont des caravaniers heureux qui sont remontés à Timia
laissant dépité un apprenti chamelier bien triste de voir
leurs silhouettes disparaître vers l’Aïr.
La deuxième tentative a été plus raisonnable avec
un séjour arrêté à Agadez où on ne peut
qu’apercevoir les montagnes de l’Aïr où sévit
toujours l’état de mise en garde reconduit pour trois mois
encore. La ville d’Agadez est en léthargie. Plus de touristes
qui se baladaient dans les rues de la capitale de l’Aïr. Plus
d’activités non plus vers le Ténéré
si prisé des amoureux du désert. Tout le personnel des agences
est au chômage et les artisans sont sans revenus. Plus de ventes
de bijoux et d’objets traditionnels de toute sorte. Dans l’Aïr
c’est la désolation et principalement à Timia où
les voyageurs visitaient la coopérative artisanale et où
les ventes étaient somme tout importantes. Elles pouvaient faire
vivre des familles toute l’année. Chez elles c’est
le désarroi total, plus aucun revenu. Pour survivre on vit à
crédit ou grâce à la solidarité de tous. Mais
combien de temps cela durera-t-il ?
Une triste nouvelle nous attendait à Agadez : le décès
de Ibrahim Saïdi l’ancien infirmier de Timia avec lequel en
1997 nous avions fondé le centre de nutrition des enfants en carence
alimentaire. Sans être Touareg il était parfaitement intégré
au village où il est resté plus de 10 ans. Il était
estimé de tous, très compétent et complètement
dévoué aux habitants.
Des habitants de Timia ont fait l’effort de descendre sur Agadez
avec tous les risques que cela comporte. Fort heureusement pour Timia
les deux camions peuvent se rendre régulièrement à
Agadez pour le ravitaillement et pour transporter ce que les jardiniers
peuvent négocier. Tout cela en prenant des pistes en partie sécurisées
c'est-à-dire sans mines !!! Nous avons rencontré El Gabid
Idrissa notre superviseur, Ousmane Ghabda enseignant et directeur de l’école
de Tasselwet, le directeur de l’école de Timia et celui de
l’école d’Ajirou. Ils ont tous tenu à nous dire
que la rentrée scolaire s’est déroulée normalement
et que tous les enfants des déplacés, en âge scolaire,
ont été intégrés aux différentes écoles.
Le Collège de Timia fonctionne jusqu’à la quatrième
malgré la présence de nouveaux élèves qui
ne peuvent rejoindre Ifférouane situé en zone de combats.
Un coup de chapeau à ces enseignants qui, malgré les difficultés,
tiennent à ce que le maximum d’élèves soient
scolarisés. Pour les soutenir nous avons acheté des fournitures
scolaires pour 452 € avec le concours de l’association «
Graine de Sable » .
Après un séjour forcé à Agadez direction
Zinder dans le sud du Niger. Visite aux caravaniers à Tessawa heureux
de recevoir l’association et aussi interrogatifs sur nos projets.
Le mil au sud, malgré une bonne récolte, vaut le double
de l’année dernière. La mesure de 2 kg valait 200
FCFA (0,30€) ; elle en vaut 400 FCFA maintenant. Nous envisageons
un appui de 5000 € pour reconduire l’action de l’année
2008. Soulagement chez nos amis qui pourrons remonter un stock honorable
pour nourrir leurs familles et le village.
En parallèle nous recevons la visite de Effes Balla et de Assaleh
Ghousmane. Tous deux ont été parrainés par l’association
et sont infirmiers diplômés. Ils ont suivi leur formation
à l’ensp de Zinder qui accueille maintenant un millier d’étudiants
et d’étudiantes. Ils sont employés chez MSF dans leurs
centres de Gouna et de Magaria où sont récupérés
des enfants malnutris graves. Le travail accompli par MSF est remarquable.
Leurs centres sont parfaitement adaptés aux mères et enfants
qu’ils accueillent. Et la tâche est immense même si
la période n’est pas dans le « pic » critique
qui se situe en avril mai juin au moment des grosses chaleurs et de la
période de soudure. Plusieurs centaines d’enfants et mères
sont traités, quelques hommes aussi, et la sensibilisation à
la renutrition de l’enfant concerné est quotidienne et s’étale
sur des semaines. Si il y a quelques euros à donner n’hésitez
pas à les donner à MSF … après les «
Amis de Timia » bien entendu.
Nos deux filleuls accomplissent un bon travail dans ces centres. Je n’ai
eu que des éloges à leur égard et nous pouvons en
être fiers, surtout Sylviane Jouet et Fabrice Le Moal qui avaient
découvert Effès à Timia. Tant et si bien que la responsable
de MSF à Zinder nous a conseillé de faire reprendre leurs
études à nos deux infirmiers : Effés à Zinder
pour devenir Infirmier certifié et Assaleh pour suivre une spécialité
ORL au Mali chez un professeur qui exerce à Bamako. Disons que
cette étape Zinder a été l’éclaircie
du voyage : j’y ai rencontré des jeunes complètement
déterminés à venir en aide à leurs frères
nigériens. C’est une grande satisfaction pour nous tous.
Mais le constat reste que le Niger est un pays où, aussi bien
au nord qu’au sud les problèmes sont immenses. Et je me souviens
de ce qu’avait dit le Professeur Spittler : «… il n’y
a pas que les Touaregs qui portent la misère du Niger sur leurs
épaules. D’autres ethnies souffrent et sont très vulnérables
aux fléaux qui endeuillent l’Afrique, le palu et la malnutrition
». Quant au sida, nous ne savons pas s’il fait beaucoup de
victimes dans ces régions, mais de nombreux panneaux incitent à
la protection. Heureusement cette région du sud vit en paix contrairement
au nord. Mais leur terre ne donne que des céréales qui nourrissent
le Niger ; leur sous-sol ne contient pas les richesses que convoitent
bien des pays riches, contrairement au nord. Ceci explique peut-être
cela !!
Pour 2009 les actions continuent.
En ce qui concerne l’activité de l’association à
Louviers l’année a été assez intense entre
les différentes ventes d’artisanat, les diverses animations
pour faire connaître les problèmes des habitants de Timia,
l’accueil toujours sympathique que nous réservent nos amis
de Tamera à Lyon, la préparation du repas annuel, les bénévoles
toujours présents contre vents et marées n’ont pas
chômé. La présence en août de Ibrahim Alkabouss,
qui est parrainé par l’association, comme stagiaire à
la Case en gestion informatique s’est très bien déroulé.
Je remercie les responsables de la Case de l’avoir si bien accueilli.
Moussana Alkabouss, présent au repas est venu témoigner
de la situation de sa région qui s’englue dans un conflit
fratricide.
Et puis il convient de remercier pour leur soutien sans cesse renouvelé
: François LONCLE et son équipe, le Conseil Régional
de Haute Normandie, la Ville de Louviers et son Conseil municipal, la
section lovérienne de la croix rouge.
A Agadez un souhait qui continuellement nous revient aux oreilles est
: ne nous abandonnez pas ! Mais pour cela il faut être opiniâtre.
Déjà cette année nous avons un déficit de
48 adhérents : 201 au lieu de 249 en 2007. L’arrêt
du tourisme à Timia explique peut-être cela. En effet les
années précédentes nous recevions nombre de personnes,
chez nous, au village, quand nous y séjournions. Et les habitants
parlaient des réalisations de l’association. Beaucoup de
voyageurs, en rentrant chez eux, adhéraient ou envoyaient un don.
Maintenant que l’Aïr est isolé plus personne ne visite
et l’oubli s’installe. C’est ainsi. La parade à
cet état de fait est de montrer aux différents sympathisants
et bailleurs de fonds que, malgré la situation, les projets peuvent
se faire. Nous avons, malgré les conditions, lancé le projet
d’économie d’eau dans le maraîchage, financé
en premier par le Conseil Régional de Haute Normandie. Les résultats
sont encourageants. Trois bassins ont été construits. Rien
que le fait de moduler l’arrosage en fonction des besoins apporte
une économie d’eau de l’ordre de 40 à 50 %.
Malgré tout il faut améliorer les résultats avec
des constructions supplémentaires.
Il faut admettre que les jardiniers ont souvent la tête ailleurs.
Le village va-t-il toujours être épargné et pour combien
de temps encore ? Va-t-on toujours pouvoir descendre à Agadez écouler
les produits de rente ? Ce sont les questions qui préoccupent les
habitants en permanence. Et tant que les belligérants ne voudront
pas se mettre à discuter de la paix rien ne sera envisageable à
long terme.
A la fin du séjour, nous apprenions qu’Areva avait signé
avec le gouvernement nigérien l’exploitation du site uranifère
d’Imouraren situé à quelques kilomètres au
sud d’Arlit. Il sera classé deuxième centre d’extraction
du monde. Est-ce que la population nigérienne bénéficiera
du développement que cette exploitation serait en mesure d’apporter
? Nous ne pouvons répondre à cette question ! Mais ce qui
nous taraude le cœur est de voir toute la technologie occidentale
s’installer à deux pas de la misère, de la survie.
Est-ce que les profits qui vont bientôt jaillir bénéficieront
aux habitants de l’Aïr ? L’avenir proche ne va pas tarder
à nous l’apprendre. Comme je l’ai dit plus haut, seule
la paix peut apporter une garantie dans ce sens. Avec un état de
mise en garde continuellement reconduit, rien ne peut se faire.
Quelle sera notre attitude si nos amis de Timia quittent leur territoire,
effrayés par des exactions possibles ? La réponse engagera
très certainement l’avenir de l’association !! Nous
nous trouvons devant une situation pour laquelle nous ne sommes pas préparés.
Mais je pense que humainement parlant il y aura des évènements
que nous ne pourront pas tolérer. L’aveuglement n’est
pas un comportement digne d’un individu responsable .
Après mise au vote, le bilan moral 2008 est adopté
à l’unanimité.
3. RAPPORT FINANCIER
Le rapport financier, disponible sous format word à la demande
ici, sera mis en ligne en
juin 2009 (le temps de le mettre au format "Internet"). Merci
de votre patience.
4. RENOUVELLEMENT PARTIEL DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
Membres sortant se représentant : BELLEVIN Nicole et JOUET Sylviane
Nouveau membre se présentant : BELLEVIN Claude
Après mise au vote, les 3 membres se présentant ou se représentant
sont élus à l'unanimité.
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L’ordre du jour étant épuisé, la séance
est levée.
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Le Conseil d’Administration se réunit alors et procède
à l’élection des nouveaux membres du bureau :
BELLEVIN Michel, Président
COLONNIER Corinne, Vice-présidente
BELLEVIN Nicole, Trésorière
VOETZEL Claude, Trésorier Adjoint
CAPEL Viviane, Secrétaire
JOUET Sylvianne, Secrétaire Adjointe
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