Compte-rendu de notre activité
en matière de santé à Timia
en Juin 2004

Le Dr Deptula vient pour la 1ère fois à Timia. Avant de partir,il a pris contact avec un groupe de médecins faisant partie de l'association APIS qui travaille depuis plusieurs années au Sénégal où sévit la bilharziose d'une façon endémique.

La bilharziose est une maladie parasitaire qui est répandue dans toute l'Afrique. Le parasite (Schiztosomia haematobium) se développe dans les eaux stagnantes là où des algues sont présentes. Le chiffre officiel de contaminés est de 80% au sein de la population africaine.

L'association APIS nous a fourni un support visuel sous formes de planche et de vidéo où le processus d'infestation par le parasite est expliqué avec des dessins et des mots simples.

Nous partons avec l'intention de faire une information, un dépistage et un traitement en priorité destiné aux enfants et les jeunes adultes. Nous avons dans nos bagages du Praxicantel, médicament qui permet de traiter cette maladie, acheté à PSF (Pharmaciens Sans Frontières). Il faut savoir que ce médicament est introuvable à Agadez. Nous emportons également des bandelettes pour tester le sang dans les urines.

En arrivant nous apprenons que le PAM (Programme Alimentaire Mondial) qui fournit chaque année la nourriture des élèves, a traité sans dépistage,au mois de mai, les enfants scolarisés.

Nous sommes allés à l'école pour informer, en présentant la maladie, ses dangers. Nous avons discuté, expliqué et surtout insisté pour que les enseignants continuent le travail de sensibilisation.

A l'école Franco-Arabe, qui n'a pas été prise en compte par le PAM, nous avons accompli le même travail en y ajoutant le dépistage et le traitement.

Restent tous les enfants non scolarisés (les plus nombreux) et les adultes qui méconnaissent, pour la plupart, le nom même de la maladie et ses conséquences. Une information à la population a été faite par projection sur la Place de la Coopérative. Nous avons constaté une écoute attentive et une prise de conscience de la part des adultes. S'en sont suivies des discussions organisées par les "Amis de Timia" à Timia concernant les améliorations qu'il faudrait apporter au village pour éviter la réinfection le traitement ne faisant effet que 6 mois à savoir :

  • Recensement des points d'eau stagnante
  • Aménager le tour des puits villageois où les algues se développent rapidement
  • Protéger les " trous à banco " d'où on extrait l'argile qui sert à la fabrication des briques et où les enfants se baignent à la saison des pluies
  • Le problème de la Guelta ou Cascade, qui est l'endroit touristique de Timia. a été évoqué. Certains de ses bords sont infestés d'algues et donc très infectants.
  • Le problème lié à " Takarkar ", l'endroit où vont les femmes pour leur lessive. Si à la saison des pluies l'eau est courante à cet endroit, en saison sèche c'est rempli d'algues. Et les enfants qui accompagnent leurs mères clapotent des heures dans cette eau infestée.

Pendant notre séjour des puisards ont été creusés pour recueillir les eaux usées et comblés avec des cailloux pour le filtrage, au pied des deux puits communaux les plus importants du village. Un lissage du ciment a été fait dans les caniveaux pour que l'eau s'écoule sans obstacle. Nous verrons les résultats lors de la prochaine mission en Septembre.

Autre problème abordé et non résolu : comment implanter dans le village des latrines pour éviter de polluer la nappe phréatique. Timia est un village de 6000 hbts, qui grandit sans cesse. Ces problèmes d'hygiène publique deviennent cruciaux et doivent être abordés par des spécialistes pour éviter d'apporter des solutions qui mettraient en péril la santé des villageois déjà bien fragile.

L'action contre la bilharziose a été menée également à Tasselwet, village voisin de Timia .

Tous les matins un dépistage systématique de la Bilharziose a été organisé avec traitement et information pour les enfants non scolarisés. Nous avons examiné 600 enfants et 200 adultes.

La même opération devra être refaite dans un an pour vérifier s'il y a une amélioration.

L'association APIS qui travaille en Casamance au Sénégal a vu les statistiques tomber de 80% à 30% en 5 ans. Espérons qu'il en sera de même pour Timia, alors que nous constatons que près de 66% de la population est contaminée.

Le Dr Deptula a consulté au dispensaire tous les après-midi. 20 à 25 personnes ont été examinées chaque jour. Après Brigitte Ledoigt, Fabrice Le Moal, c'est le 3ème médecin de l'association qui intervient au village depuis 1997. A cela s'ajoute l'intervention de Sylviane Jouet en tant qu'infirmière. En fait, l'association voudrait organiser une rotation de médecins et infirmiers ou infirmières, qui viendraient à Timia consulter les patients pendant une ou deux semaines. Cette organisation permettrait un suivi sérieux des malades les plus gravement atteints et permettrait de mettre en place une sensibilisation efficace sur un certain nombre de maladies. Tout cela bien entendu en étroite collaboration avec le personnel du dispensaire qui ne demande que cela. Les volontaires seront les bienvenus.

Issaka, l'infirmier avec lequel nous commencions a mettre sur pied un projet de consultations foraines (interventions en brousse auprès des campements d'éleveurs de la zone de Timia parfois éloignés de 40 km du village) a quitté le dispensaire. Il est remplacé par Moula dont la famille est restée à Zinder, ville éloignée de 800 km au sud de Timia. Malgré sa bonne volonté, il n'a qu'une envie, c'est de se rapprocher de sa femme et ses enfants. C'est bien légitime et parfaitement compréhensif.

L'association qui parraine la formation de 2 infirmiers à l'école de santé de Zinder va faire une demande officielle auprès des autorités de tutelle pour qu'ils soient affectés à Timia à l'issue de leurs études. Un contact a déjà été pris dans ce sens.

Comme cela a été constaté lors du dernier rapport de santé, les pathologies les plus fréquentes rencontrées par le Dr Deptula sont :

  • Troubles digestifs (gastralgies, ballonnements, constipation ). Peu de diarrhées en cette saison sèche.
  • Beaucoup de problèmes respiratoires : Asthme surtout à Tasselwet où de nombreuses familles en souffrent. Cela est du certainement à la présence de poussière permanente,ce village étant situé sur " un couloir de vent ".
  • Problèmes ophtalmologiques (déchessement des yeux, conjonctivites cataractes, avec l'ensoleillement permanent et violent et la poussière qui agressent des yeux non protégés).
  • Problèmes dentaires surtout chez les gens de la brousse qui ne bénéficient
  • Pas de l'action entreprise depuis 1999 à Timia.
  • Atteintes du squelette (lombalgies, douleurs des genoux) surtout auprès des anciens caravaniers après des milliers de kilomètres accomplis à pied et à dos de chameau,
  • Des anémies constatées dues à la bilharziose ainsi que de nombreux problèmes urinaires.

Au niveau des femmes enceintes et des enfants en bas âge nous avons constaté un manque chronique d'antibiotiques de forme pédiatriques et des produits qui arrètent les hémorragies fréquentes lors des accouchements. Ces médicaments sont introuvables à Agadez ou hors de prix. Nous constatons que nous devons coûte que coûte continuer à approvisionner le dépôt communautaire si l'on veut maintenir la population de Timia à un niveau de santé le meilleur possible.

Pour cela la mutuelle a apporté une amélioration sensible et est bien acceptée par les villageois qui ne paient plus que 50% de leurs médicaments vendus au prix coûtant.

D'autre part nous cherchons un moyen d'impliquer des personnes de Timia qui ont des notions de secourisme pour apporter des soins rapides soit au village, soit en brousse.

Une personne a une compétence dans le domaine du massage, une autre, qui a fait des études d'infirmier et qui est depuis peu revenue au village. Cette personne serait volontaire pour effectuer des consultations foraines en brousse. Nous discuterons de tout cela quand nous retournerons au village, en octobre ou en janvier 2005. Cette dernière date pourrait convenir du fait que deux sapeurs pompiers du centre de secours de Louviers effectueront le voyage à Timia pour apprendre à la population " le geste qui sauve ". Le Commandant Bidault supervise cette action et nous le remercions de se mobiliser pour notre cause et nous apprécions beaucoup son dynamisme.

En conclusion nous constatons que beaucoup de travail reste à faire mais que tout de même les conditions s'améliorent petit à petit. Nous restons mobilisés tout en sachant que tout ce qui est accompli à Timia n'a pu se faire sans votre soutien. Nous vous en remercions.

Pendant cette action propre à la santé du village nos autres activités continuent, surtout en ce qui concerne l'accès à l'eau. Deux puits ont été crées et maintenant terminés. Il s'agit de celui de Goum situé à l'Est de Timia et de celui d'Adoghal. Ces deux puits sont situés dans des zones de pâturages et caravanières très importantes et jusqu'à présent éloignées d'au moins 10 km de la première source d'eau.

Et bien sur nous continuons avec les centres de nutrition de Timia et Tasselwet, la mutuelle, les parrainages etc …

La fin de l'année 2004 et le début 2005 s'annoncent bien chargés. Nous en vous en tiendrons informés.


COÛT TOTAL DES ACTIONS SANTE
MENEES AU COURS DU 1er SEMESTRE 2004 : 1 114 €
Achat médicaments à Pharmciens Sans Frontières : 781 €
Achats de médicaments à Agades : 333 €



Merci à tous pour votre soutien et votre solidarité.


Les membres du bureau


Le prochain voyage à Timia est prévu pour septembre 2004


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